Léon-Paul Fargue (1876 – 1947)

Léon-Paul Fargue (1876 – 1947)

« J’ai connu beaucoup le cher Tonio ; il fait presque partie de ma jeunesse de Paris ; je veux parler de la seconde, celle qui commence en 1924 avec l’aviation vraie. Enfin, je pourrai dire avec lui : de ce temps-là »

 

Habitué des salons littéraires, Léon-Paul Fargue fait la connaissance du jeune Antoine de Saint-Exupéry chez Yvonne de Lestrange. Poète et écrivain, il mène une vie de bohème, côtoyant l’élite intellectuelle du début du siècle : Paul Valéry, Valery Larbaud, Paul Claudel, André Gide ou Maurice Ravel. Il a été membre de la Société des Apaches (1900-1914) groupe artistique français composé d’écrivains et de musiciens qui défendit Claude Debussy pour la création de son opéra Pelléas et Mélisande.

 

Les deux hommes se donnent rendez-vous chez Androuet « au musée aux fromages », passent leurs soirées au Lutétia, à la brasserie Lipp, dans l’appartement de Saint-Exupéry rue Chanaleilles ou chez Jean Prévost :

« Je soussigné Léon-Paul Fargue, officier de l’Académie française, certifie que j’ai retenu Antoine de Saint-Exupéry, commandeur de tout, jusqu’à une heure hindoue, parce que quand je le vois, je ne peux pas le lâcher »

 

Malgré leurs 23 ans d’écart, Léon-Paul Fargue apprécie la compagnie de ce jeune auteur qui n’hésite pas à lui demander conseil. Ainsi, avant de partir en reportage en URSS en 1935, Antoine de Saint-Exupéry lui requiert un cours d’histoire. Léon-Paul Fargue, qui connaît les exilés chassés de Russie par la révolution de 1917, lui fait rencontrer ceux qui peuvent lui parler avec compétence de leur pays, notamment le prince Alexandre Malinovski.

 

Chroniqueur étincelant de la vie parisienne, Léon-Paul Fargue consacre plusieurs textes à Antoine de Saint-Exupéry.

 

« Saint-Ex avait des idées justes et neuves sur presque tout. Rien ne lui échappait : le marxisme, la mode, la mythologie, l’art classique, le loufoque, le destin, Montmartre et le folklore américain, le snobisme et la subtilité, les pires audaces et le goût le plus juste, Picasso, Valéry, les courses, les Médicis, les balbutiements du surréalisme, les rêves et la psychanalyse, les ballets russes (…) »

 

« Pour Saint-Exupéry vivant, rien ne fut jamais impossible. (…). C’était un bon grand diable de loyauté, de soulagement et de foi que nous ne pouvons nous consoler d’avoir perdu. (…) Je l’ai beaucoup aimé, et je le pleurerai toujours »