Lettre à un otage (1943)

Lettre à un otage (1943)

Antoine de Saint-Exupéry a emporté avec lui en Amérique le manuscrit 33 Jours de son ami Léon Werth. Il cherche à le publié et obtient l’accord des éditions Brentano’s qui ont même versé une avance à l’auteur, retenu en France. En février 1942, Saint-Exupéry écrit un avant-propos au livre mais pour des raisons inconnues l’éditeur américain renonce à ce projet. Il décide de publier séparément sa préface et apporte les modifications nécessaires pour que son texte puisse fonctionner de manière indépendante. Désormais, la Lettre à un otage s’adresse à tous les otages restés en France.

 

En avril 1942, il est invité au Canada par l’éditeur Bernard Valiquette de Montréal, associé aux éditions Brentano’s de New York. Il anime des conférences pour la sortie de Pilote de guerre. Pendant son séjour, il est avisé qu’il ne peut regagner les États-Unis ayant passé la frontière sans visa d’entrée. Il doit attendre la régularisation de son visa (cinq semaines) pour rentrer à New York. Il séjourne à l’hôtel Windsor, rejoint par Consuelo. Il vit très péniblement cet exil contraint au sein d’un autre exil, celui de son séjour prolongé aux États-Unis. En outre, il est alité, victime d’une cholécystite.

 

Depuis que les alliés ont débarqués en Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, Saint-Exupéry est obsédé par l’idée de reprendre le combat. Le 29 novembre 1942, il parle à la radio et publie une lettre ouverte dans le New York Times Magazine sous le titre An open letter to frenchmen everywhere. Il demande à tous les Français de faire taire leurs divergences et de s’unir pour mener ensemble le combat et sauver la France. Malgré le prestige de son auteur, l’appel ne suscite que des sarcasmes chez la plupart de ses compatriotes aux États-Unis.

 

Le 13 avril 1943, il embarque à bord du Stirling Castle pour Alger. Arrivé à la fin du mois, il intègre le groupe 2/33. Lettre à un otage sort dans les librairies new yorkaises en juin 1943, alors que son auteur a déjà quitté les États-Unis. En février 1944, Lettre à un otage parait à Alger dans L’Arche n°1 revue dirigée par Jean Amrouche sur une initiative d’André Gide. Le texte suscite les protestations des proches du général de Gaulle. En France, les éditions Gallimard publient la Lettre à un otage en décembre 1944.