L’AÉROPOSTALE (1927-1932)

L’AÉROPOSTALE (1927-1932)

En avril 1927, P-G Latécoère cède sa compagnie à Marcel Bouilloux-Lafont, investisseur français installé en Argentine. La C.G.E.A. est rebaptisée Compagnie Générale Aéropostale.

Chef d’escale à Cap Juby (1927 – 1928)

Après une année au service du courrier, Antoine de Saint-Exupéry est nommé chef d’aéroplace à Cap Juby (Tarfaya), une étape stratégique entre Casablanca et Dakar. Le 19 octobre 1927, il atterrit à Cap Juby dans la zone Sud du Protectorat espagnol du Maroc. S’il n’a plus en charge l’acheminement du courrier, il doit en échange porter secours aux pilotes perdus dans le désert et négocier avec les chefs berbères la libération de ceux pris en otage. Il fait des atterrissages périlleux au milieu des dunes pour récupérer des camarades. Il essuie les tirs des tribus rebelles qu’il survole à la recherche d’un avion perdu. Il sauve de leurs mains plusieurs aviateurs dont Louis Vidal, René Riguelle, Marcel Reine, l’ingénieur Serre et l’espagnol Vallejo. Pour ces actes, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur au titre de l’Aéronautique civile, le 7 avril 1930.
C’est à Cap Juby, qu’il compose son premier roman : Courrier Sud. De retour en France, la compagnie l’inscrit à un cours spécial dispensé par les enseignants de l’École Navale à Brest pour le former aux vols de nuit. À la fin de sa formation, il reprend les vols sur le trajet Toulouse-Casablanca, à bord des nouveaux LATE 25 et 26.

Aeroposta Argentina (1929 – 1931)

Nommé chef d’exploitation de l’Aeroposta Argentina, Antoine de Saint-Exupéry prend ses fonctions le 12 octobre 1929 à Buenos Aires où il retrouve ses camarades Marcel Reine, Henri Guillaumet et Jean Mermoz. Il a pour mission d’assurer le bon fonctionnement des lignes déjà existantes vers Santiago de Chili, Asunción et Rio de Janeiro, de gérer le personnel et l’équipement. Le travail administratif considérable ne l’empêche pas de voler beaucoup et loin, souvent de nuit et d’ouvrir de nouvelles lignes.

Il se rend en Patagonie et en Terre de feu pour trouver les meilleurs trajets et les pistes d’atterrissage les plus sûres en vue de l’ouverture de nouvelles lignes. Le 20 mars 1930, il couvre les 2400 km qui séparent Buenos Aires de Rio Gallegos en 12 h, ce qui est un record mondial. Le 31 mars 1930, il inaugure l’extension de la ligne Comodoro Rivadavia-Rio Gallegos, avec comme escales Puerto Deseado, San Julian et Santa Cruz. Le 16 avril 1930, il instaure des lignes auxiliaires vers Rio de Janeiro, Montevideo, Porto Alegre et Santos. En Amérique du Sud, il doit affronter le plus redoutable ennemi des pilotes: le vent, si puissant, avec des rafales si inattendues que son habileté compte moins que sa bonne chance. Le 19 juin 1930, il récupère Henri Guillaumet, sauvé après 5 jours de marche dans les Andes. Pris dans une tourmente de neige alors qu’il assurait la liaison Santiago du Chili-Mendoza, son avion est endommagé et il doit survivre à 3500 m d’altitude en plein hiver austral.

Pilote sur les Lignes africaines (1931-1932)

Saint-Exupéry rentre en France en février 1931. À la suite d’un scandale politico-financier, l’Aéropostale est mise en liquidation judiciaire en juin 1931 et un conseil d’administration provisoire gère les affaires courantes. La compagnie licencie une partie du personnel et supprime le service sur cinq lignes. Solidaire de Didier Daurat et de Beppo de Massimi, Saint-Exupéry ne retourne pas en Amérique du Sud. À la fin de son congé pendant lequel il épouse Consuelo, il est affecté au transport de nuit entre Casablanca et Port-Etienne. Il achemine le courrier venu de France sur LATE 26. Le couple Saint-Exupéry s’installe à Casablanca où Saint-Exupéry fait la connaissance de Jean-Gérard Fleury, Joseph Kessel et du docteur Henri Comte qui habite Anfa. Son roman Vol de nuit parait en octobre 1931, bien reçu par la critique et couronné du prix Femina. Mais Antoine de Saint-Exupéry est contesté par ses camarades. Ils lui reprochent une notoriété d’aviateur autrement importante que la leur, une notoriété due à ses livres et non à des exploits aéronautiques. Désargenté en dépit du succès de son livre, il continue son travail. En février 1932, il assure la liaison postale Marseille-Alger et en août 1932 il est détaché à Casablanca. Cependant, sa présence dérange. De très nombreux pilotes (à l’exception de ses anciens amis qui lui restent fidèles) souhaitent son départ, appuyés par la nouvelle direction qui le relève de ses fonctions.

Il rentre à Paris et commence à écrire des articles pour Marianne, dans lesquels il fait l’éloge de l’Aéropostale et de Didier Daurat. Fin 1932, il est engagé comme pilote d’essai par Pierre-Georges Latécoère qui construit des hydravions. Le 21 décembre 1933, il a un accident sur un LATÉ 293 en rade de Saint-Raphaël qui faillit lui coûter la vie et met fin à son activité de pilote d’essai.

Son temps libre, il se promène autour du fort dont il ne peut s’éloigner sans craindre d’être fait prisonnier par les Maures qui se font la guerre entre et contre les Européens. Il prend des bains de mer sans pouvoir s’éloigner du rivage à cause des courants très forts. Il joue aux échecs toujours avec les mêmes partenaires, en lisant les livres qu’il a pris soin d’amener où ceux envoyés par sa mère. Il écrit. C’est ici, à Cap Juby, qu’il compose son premier roman : Courrier Sud.

 

Rappelé de Cap Juby à la fin de 1928, la compagnie l’inscrit à un cours spécial dispensé par les enseignants de l’École Navale à Brest. Il doit acquérir les connaissances nécessaires pour voler de nuit. Mais, il est plus préoccupé par la correction des épreuves de son livre Courrier Sud que par l’enseignement de ses professeurs. À la fin de sa formation, il reprend les vols sur le trajet Toulouse-Casablanca qu’il connaît déjà, à bord de nouveaux appareils, les LATE 25 et 26.