Consuelo, son epouse (1901-1979)

Consuelo, son epouse (1901-1979)
À la fin de l’été 1930 lors d’une réception à l’Alliance française de Buenos Aires, l’écrivain Benjamin Crémieux présente Consuelo Suncin à Antoine de Saint-Exupéry, alors chef de l’Aéropostale en Argentine. C’est le coup de foudre !
Saint-Exupéry aurait fait des remarques sur sa petite taille et pour se faire pardonner, l’aurait invité à faire un tour en avion. Pendant le vol, il lui aurait demandé de l’embrasser, ce qu’elle aurait fait bien qu’elle le trouvât trop laid.
Consuelo Suncin de Sandoval est née à Arménia, au Salvador en 1901. Elle fait des études d’art et apprend le français. Séparée de son premier mari Ricardo Cardenas, elle est veuve de l’écrivain guatémaltèque Enrique Gomez Carrillo (décédé en 1927), ami de Maurice Maeterlinck, Gabriele d’Annunzio, Oscar Wilde, Picasso, Dali, Verlaine…
Le 22 avril 1931, Antoine épouse Consuelo à Nice, le mariage religieux ayant été célébré le 12 avril 1931 à Agay. Sa robe de mariée en dentelle noire détonne et sa belle famille l’accueille avec réticence. Marie de Saint-Exupéry a la sensation que Consuelo l’éloigne de son fils.
Les relations entre Consuelo et Antoine sont passionnées et tumultueuses. Le jour où il reçoit le Prix Femina, Antoine fête l’événement avec Consuelo, qu’il quitte pour continuer la soirée avec Nelly. À Consuelo, on attribue des propos vénéneux et de nombreuses liaisons, ce que contestent certains de ses amis qui reconnaissent cependant son désir de séduire à tout-va. Consuelo envisage de divorcer mais l’avocat qu’elle consulte lui déconseille et le couple vit sous des toits différents. Attachés l’un à l’autre, elle accourt lorsqu’il a besoin d’elle, lui la protège comme une enfant.
En juin 1940, Antoine rejoint Consuelo à La Feuilleraie pour l’aider à fuir la région bombardée. Sur l’invitation de l’architecte Bernard Zehrfuss, avec qui elle a une liaison, elle s’installe à Oppède dans le Luberon où vit un groupe d’artistes. En 1942, elle rejoint Antoine à New York où il l’installe dans un appartement de Central Park, quelques étages sous le sien. Puis elle déniche un manoir à Long Island où Antoine écrit et dessine Le Petit Prince. Consuelo lui inspire La Rose de son conte : orgueilleuse, capricieuse, fascinante, merveilleuse, insupportable, irremplaçable. Il lui écrit une prière qu’elle doit réciter chaque soir. Mais, leurs brouilles incessantes rendent l’atmosphère pesante. Antoine se réfugie auprès de Sylvia Hamilton et Consuelo auprès de Denis de Rougemont.
En 1943, avant de réintégrer les Forces française libres en Afrique, Antoine écrit à Consuelo : « Je pense que vous serez plus heureuse sans moi, et moi je pense que je trouverai enfin la paix dans la mort… »
À Alger, il reçoit une longue lettre de Consuelo l’assurant de son amour absolu et intact. Il la remercie
« Soyez ma protection. Faites-moi un manteau de votre amour »
Malgré leurs difficultés conjugales, ils restèrent très liés et Antoine se sentit toujours responsable de son épouse qu’il confia à sa mère après sa mort. Revenue en France en 1946, Consuelo vit entre Paris et Grasse où elle décèdera en 1979. Elle mène une activité artistique et se rend aux commémorations dédiées à son mari. Elle est constamment soutenue par Marie de Saint-Exupéry qui l’accueille dans sa maison de Cabris.