La musique qu’il joue

La musique qu’il joue

Antoine de Saint-Exupéry appartient à une famille provençale de musiciens. Son arrière grand-père, Emmanuel de Fonscolombe avait été maître de chapelle à Aix-en-Provence et compositeur. Son grand-père, Charles de Fonscolombe initie ses enfants au solfège et au chant. Sa mère perpétue cette tradition et fait venir une fois par semaine au château de Saint-Maurice, Anne-Marie Poncet. Fille du directeur de l’opéra de Lyon, Mlle Poncet enseigne la musique aux enfants. Antoine fait du violon, sans avoir le talent de son frère François. Ses sœurs étudient le piano et le chant.

 

Sous la houlette de leur professeur, les enfants Saint-Exupéry étudient des morceaux de Schumann, Schubert, Massenet, Fauré et Reynaldo Han. Parfois, ils chantent en chœur sous la direction de leur mère, des mélodies de Bach ou de Gluck.

 

Arrivé à Paris pour préparer le concours de l’École Navale, Antoine de Saint-Exupéry n’abandonne pas la musique. Sa cousine Yvonne de Lestrange lui joue quelques pièces de Chopin qu’il affectionne « quel génie ce Chopin ! ». Il fait une demi-heure de violon par jour et il progresse, « j’attaque tour à tour les Nocturnes de Chopin. J’en sais un très difficile et que je joue assez bien. Une splendeur : le XIIIe  ».

 

Il va même plus loin : il compose. Le morceau qu’il vient de finir est « navrant et lugubre » mais il l’aime bien.

 

Jusqu’au jour où il abandonne le violon. Parfois, il fait quelques accords au piano sans jouer vraiment, il s’amuse à rouler des oranges sur le clavier pour en tirer des sons aléatoires. En 1921 à Rabat, il aime se retrouver chez le capitaine Priou où ses amis font « éperdument » de la musique. Il ne se considère pas au niveau pour participer mais il prend du plaisir à écouter Marc Sabran qui joue au piano des pièces de Debussy et de Ravel.

 

Lorsqu’il lui arrive de chanter, Antoine de Saint-Exupéry a recours à un répertoire moins ambitieux que celui qu’il joue. Il interprète des vieilles chansons populaires avec une voix de baryton un peu rude. Enfant, il apprend cette vieille chanson du XVIIIe siècle, Aux marches du palais. Elle lui revient et l’obsède lorsqu’il est perdu dans le désert de Lybie après son accident d’avion en 1935-1936. Au service militaire, les soldats chantent La Madelon « sur deux cents tons différents puisque celui-ci n’est pas donné ».