Antoine de Saint-Exupéry – Pilote de guerre – Un engagement singulier

Antoine de Saint-Exupéry – Pilote de guerre – Un engagement singulier

Le jeudi 28 juin après-midi et vendredi 29 juin toute la journée, se tiendra dans la salle des fêtes de Saint-Maurice-de-Rémens, un colloque consacré à l’auteur de Pilote de guerre. Le jeudi 28 juin en soirée, Marie-Christine Barrault lira des extraits de Pilote de guerre et sera accompagnée du WDH Trio. Cette soirée se tiendra à l’église de Saint-Maurice.
Entrée libre pour le colloque et la lecture.

Le jeudi 28 juin après-midi et vendredi 29 juin toute la journée, se tiendra dans la salle des fêtes de Saint-Maurice-de-Rémens, un colloque consacré à l’auteur de Pilote de guerre. Le jeudi 28 juin en soirée, Marie-Christine Barrault lira des extraits de Pilote de guerre et sera accompagnée du WDH Trio. Cette soirée se tiendra à l’église de Saint-Maurice.
Entrée libre pour le colloque et la lecture.

Pilote de guerre est sorti aux États-Unis en février 1942 et en France, en novembre, puis fut rapidement interdit par les forces d’Occupation. Ce colloque se donne pour tâche d’éclairer l’engagement singulier de Saint-Exupéry pendant la Seconde Guerre mondiale afin de mieux comprendre son combat et ses prises de position, ses questions et ses doutes.

Le 6 septembre 1939, quelques jours après la déclaration de la guerre, Saint-Exupéry rejoint la base de Toulouse-Francazals, bataillon de l’air n° 101, avec le grade de capitaine. Il se voit doté d’un poste d’instructeur de navigation, mais il vit difficilement cette charge, se sentant éloigné de l’action véritable. Il demande à être affecté à la chasse mais le poste lui est refusé. Il ne souhaite pas non plus piloter des bombardiers ou transporter des ministres et des généraux.

Un paragraphe de Pilote de guerre résume sa situation : «“ Laissez-vous affecter ici ou là. Là est votre place. Vous y serez plus utile qu’en escadrille. Les pilotes, on peut en former par milliers.” La démonstration était péremptoire. Toutes les démonstrations sont péremptoires. Mon intelligence approuvait mais mon instinct l’emportait sur l’intelligence. Pourquoi ce raisonnement m’apparaissait-il comme illusoire alors que je n’avais rien à lui objecter ? Je me disais : “ Les intellectuels se tiennent en réserve, comme des pots de confitures, sur les étagères de la Propagande, pour être mangés après la guerre…” Ce n’était pas une réponse  !»
Mais c’était son instinct et Saint-Exupéry suit toujours son instinct, parfois à son détriment, mais toujours en suivant une ligne de conduite, fondée sur quelques vérités essentielles que la guerre exacerbe.
Grâce à de multiples interventions auprès des autorités civiles et militaires, à de longues supplications pour « participer », il obtient d’être affecté au Groupe de Reconnaissance Aérienne II/33, le 26 novembre 1939. Il rejoint son escadrille à Orconte (Haute-Marne) le 3 décembre, enfin dans sa fonction, enfin pilote de guerre. Son expérience au sein du II/33 lui fait redécouvrir des vérités simples qu’il s’efforcera d’exprimer dans trois publications, sa trilogie de la guerre : Pilote de guerre, Le Petit Prince et la Lettre à un otage. Et peut-être Le Petit Prince n’est-il véritablement compréhensible qu’à partir du chaos total où il est né. À cette trilogie s’ajoute les indispensables Écrits de guerre, somme éditée sous la direction de Nelly de Vogüé, en 1982, chez Gallimard.

Les intervenants, issus d’horizons divers, éclaireront par leur regard, leurs connaissances, leurs questionnements et leurs analyses, l’engagement singulier de Saint-Exupéry dans la guerre. Nous serons ainsi mieux à même de comprendre et d’interroger ses écrits et sa vie, ses sentiments, ses arguments et ses prises de position. Dans un premier temps, grâce au contexte historique, aux réalités militaires, au GR II/33 (son quotidien, sa fonction et ses missions), et à l’approche d’autres démarches de résistance.  Et dans un second temps, grâce à l’histoire éditoriale du livre (son enthousiasme outre-Atlantique et les manipulations dont il a été victime en France — ce qui laisse supposer que Saint-Exupéry est peut-être toujours un peu mal compris), grâce aux liens qui se tissent entre histoire et littérature (réception, enjeux, implications, querelles, exclusions, censures, violences,…), grâce aux images enfin.
Saint-Exupéry pense que « c’est toujours dans les caves de l’oppresseur que naissent de nouvelles vérités.» Il a malgré tout essayé de nous en transmettre. À nous de les écouter.
Delphine Lacroix

Communications :

JEUDI 28 JUIN 2012
(à partir de 14h)

Accueil – Discours d’ouverture

Pierre Laborie [sous réserve] «De l’événement au trou de mémoire : l’effondrement de la France en mai et juin 1940»
Philippe Garraud, «La défaite de 1940 : contexte et logiques»
Claude Carlier, «1940 – Saint-Exupéry dans la tourmente : Vie et destin des pilotes de guerre»
Laurent Israël, «Souvenirs de mon père et du GR II/33»
Fabienne Federini, «De la nécessité de penser la singularité : le cas exemplaire des intellectuels engagés dans la résistance armée»

VENDREDI 29 JUIN 2012
(à partir de 10h)

Thanh-Van Ton-That, «À la recherche de l’enfance perdue : mémoire et écriture de survie dans Pilote de guerre»
Thierry Spas, «Images de la résistance dans Pilote de guerre»
François Gerber, «Une certaine idée de la France dans les écrits de Saint-Exupéry»
Olivier Odaert, «Une résistance littéraire : les enjeux narratifs de Pilote de guerre»

Jeffrey Mehlman, «Un regard outre-Atlantique sur Saint-Exupéry exilé à New York»
Alban Cerisier, «Les Écrits de guerre 1939-1942 : ce qu’ils nous révèlent de Pilote de guerre»
Philippe Forest, «Chacun est seul responsable de tous – Éthique, esthétique et responsabilité dans l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry»

Lectures : Barbara Hutt, comédienne

Intervenants :

Pierre Laborie
Professeur d’Université, directeur de recherches à l’EHESS (École des Hautes Études en Sciences Sociales), membre du Conseil Scientifique du Mémorial de Caen, Pierre Laborie est spécialiste de l’opinion publique sous le Régime de Vichy. Il a publié de nombreux ouvrages sur la guerre et la résistance dont Résistants, Vichyssois et Autres (Éditions du CNRS, 1980), L’opinion française sous Vichy (Seuil, 1990), Les Français des années troubles : de la guerre d’Espagne à la Libération (Seuil, 2001), L’opinion française sous Vichy : les Français et la crise d’identité nationale 1936-1944 (Seuil, 2001), Penser la défaite (Privat, 2002), Les Français sous Vichy et l’Occupation (Milan, 2003). En 2010, il rédige les textes de l’exposition permanente Guerre mondiale guerre totale, au Mémorial de Caen et en 2011, il publie Le chagrin et le venin : la France sous l’Occupation, mémoire et idées reçues (Bayard, 2011), où il analyse l’histoire de la construction de la vision de la France occupée depuis 1945. L’une des missions de l’historien est d’interroger le bien-fondé de nos représentations, d’en établir la généalogie. Chaque histoire a une histoire et Pierre Laborie s’attelle à cette délicate tâche qui consiste à démonter nos représentations pour en établir les constructions et, en regardant la manière dont le discours dominant sur les années noires s’est construit depuis la fin de la guerre, il en dresse les lignes directrices, les errements et les faux-semblants. Son travail relève à la fois de l’épistémologie et de l’historiographie.

Philippe Garraud
Chercheur en science politique (Politique-Pouvoir-Organisation), enseignant en sociologie des organisations et de l’action publique, et responsable du Master 2 recherche « Action et espaces publics en Europe » à l’IEP de Rennes, Philippe Garraud travaille depuis plusieurs années sur les interactions entre politiques de défense, politiques intérieures, politiques étrangères et relations internationales en France et en Allemagne de 1918 à 1940 dans une perspective de sociologie politique et historique des institutions. Dans ce cadre, il s’intéresse tout particulièrement aux relations entre institutions politiques et militaires. Il a publié de nombreux articles sur la conception française de la guerre et sur la stratégie de défense française, en particulier en s’intéressant à la situation spécifique de l’aviation.

Claude Carlier
Ancien professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne (Université de Paris III), directeur du Centre d’histoire de l’aéronautique et de l’espace, président de l’Institut d’histoire des conflits contemporains (IHCC), Claude Carlier a rédigé de nombreux ouvrages sur l’aéronautique et vient de publier, en novembre 2011, Vie et destin des pilotes de guerre, une coéditions Gallimard-DMPA (Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives).

Laurent Israël
Président de l’Association des Amis d’Antoine de Saint-Exupéry, Laurent Israël est architecte dplg et architecte conseil de l’État. Il enseigne à l’École d’Architecture de la Ville et des Territoires à Marne la Vallée, a réalisé des logements et des bâtiments publics à Paris, Rouen, Grenoble, Reims et a rédigé de nombreuses publications se rapportant à ses travaux.

Fabienne Federini
Docteure en sociologie et chercheuse associée à l’équipe « dispositions, pouvoirs, cultures et socialisations » (Centre Max Weber), Fabienne Federini a publié Écrire ou combattre, des intellectuels prennent les armes (La Découverte, 2006), L’Abolition de l’esclavage de 1848, une lecture critique de Victor Schoelcher (L’Harmattan, 1998) et La France d’outre-mer, critique d’une volonté française (L’Harmattan, 1996). Dernièrement, elle a rédigé un article sur « La figure du traître dans les romans de Paul Nizan ». Son travail de recherche porte actuellement sur les modalités et les conditions dans lesquelles la mémoire collective de la résistance, notamment ses rapports avec le silence et l’oubli, s’est construite après la guerre et dans les décennies qui suivirent.

Thanh-Van Ton-That
Professeur de littérature comparée et francophone, Thanh-Van Ton-That a travaillé sur les rapports entre la littérature, l’histoire et la géographie. Ses recherches sont consacrées aux auteurs des XIXe et XXe siècle et ses travaux en cours portent sur les écritures de l’exil et le phénomène de bilinguisme littéraire. Elle a écrit un article pour la revue Roman 20-50 consacré à Saint-Exupéry, en juin 2000, intitulé « Images et voix de l’enfance dans Pilote de guerre.»

Thierry Spas
Président fondateur d’Artois Saint-Exupéry, association dont l’objectif est de faire connaître la vie et l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry, en créant et organisant des événements (expositions, montages numériques, conférences), Thierry Spas est aussi vice-président de l’Association des Amis d’Antoine de Saint-Exupéry, dont le but est de promouvoir et d’appuyer toute action illustrant la mémoire de Saint-Exupéry et de veiller à la conservation de ses souvenirs et de ses écrits, ainsi que de faciliter l’étude de son œuvre et d’encourager la diffusion de sa pensée. Il a rédigé un mémoire de maîtrise intitulé « Amitié, responsabilité et solidarité dans Vol de Nuit, Terre des Hommes et Pilote de Guerre» et continue ses recherches sur l’imaginaire du désert dans l’œuvre de Saint-Exupéry et sur la dimension humaniste dans Pilote de Guerre.

François Gerber
Avocat au barreau de Paris, François Gerber intervient principalement dans le domaine pénal. Elu local aux Mureaux, il est l’auteur de plusieurs livres sur la justice et la défense des libertés ainsi que d’essais dont, Qui a tué Mermoz (Privat, 2009) et Saint-Exupéry de la rive gauche à la guerre (Denoël, 2000). Il prépare un nouvel ouvrage sur Saint-Exupéry, résistant et pilote de guerre, dont la sortie est prévue dans l’année.

Olivier Odaert
Assistant d’enseignement et de recherche à l’Université de Louvain-la-Neuve (Belgique), Olivier Odaert dirige des travaux pratiques et des séminaires consacrés à la littérature française moderne. Ses recherches portent principalement sur la littérature d’expression française de la première moitié du vingtième siècle, tant dans ses expressions légitimes (roman) que populaires (reportage, bande dessinée). Il a publié de nombreux articles scientifiques sur l’œuvre de Saint-Exupéry, dont, « Saint-Exupéry et le fascisme : pour une poétique de l’idéologie » (2005), « Initiation et esthétique de la paix – Pilote de guerre d’Antoine de Saint-Exupéry » (2007), « L’enfance divine du Petit Prince » (2008), « Saint-Exupéry et son double » (2009) etc. En 2012, il a soutenu une thèse de doctorat intitulée « Saint-Exupéry écrivain. Poétique et politique du platonisme renversé », à l’Université de Louvain.

Jeffrey Mehlman
Professeur de littérature française à l’Université de Boston, et historien des idées, Jeffrey Mehlman a étudié et traduit de nombreux auteurs français dont Hugo, Balzac, Proust, Leiris, Sartre, Blanchot, Vidal-Naquet, Lévi-Strauss, et aussi Marx et Walter Benjamin. Dans son livre intitulé, Émigrés à New York, Les Intellectuels français à Manhattan 1940-1944 — publié par la John Hopkins University Press en 2000 et traduit en français chez Albin Michel en 2005 — il consacre un chapitre à Antoine de Saint-Exupéry et interroge les querelles de l’auteur avec Jacques Maritain et André Breton. Il cherche par ailleurs à comprendre, en brossant le portrait de personnalités telles que Denis de Rougemont, Saint-John Perse, Simone Weil ou Claude Lévi-Strauss, les conflits, les intérêts et les prises de position de chacun dans un contexte de guerre et d’exil. Jeffrey Mehlman témoigne, avec le recul nécessaire, la grande histoire vécue par ces hommes et femmes, ainsi que les petites histoires qui les accompagnent. C’est aussi pour cela que le livre de Jeffrey Mehlman nous instruit autant des passions humaines que des grands mouvements de la pensée et de l’histoire.

Alban Cerisier
Secrétaire général des Éditions Gallimard, Alban Cerisier est chargé de la conservation et de la mise en valeur des fonds patrimoniaux (dont Gide, Camus, Prévert, Proust et Saint-Exupéry) ainsi que du développement numérique de la maison d’édition. Il a rédigé, édité et coordonné plusieurs ouvrages sur Saint-Exupéry dont Cher Jean Renoir, Projet de film enregistré en 1941 d’après Terre des hommes (Gallimard, 1999), Il était une fois le Petit Prince et Dessins, Aquarelles, plumes, pastels et crayons (Gallimard, 2006), Manon danseuse et autres textes inédits (Gallimard, 2007). Historien du livre et de l’édition, il écrit de nombreux ouvrages sur l’histoire éditoriale de la maison Gallimard, dont Une Histoire de La NRF (2009), En toutes lettres… Cent ans de littérature à La NRF (2009), Gallimard : Un éditeur à l’œuvre (2011), ainsi qu’un ouvrage sur l’histoire de la littérature jeunesse qui obtient le Prix de la bibliographie 2009, De la jeunesse chez Gallimard (2009).

Philippe Forest
Professeur de littérature comparé à l’Université de Nantes, Philippe Forest est l’auteur de nombreux essais littéraires et d’articles cinématographiques et artistiques. Il collabore au mensuel Art press et à la revue de la NRF, s’intéresse à la culture japonaise et à l’Ulysse de Joyce. Il publie plusieurs romans chez Gallimard dont le remarqué Le Siècle des nuages, en 2010, Grand Prix littéraire de l’Aéro-Club de France en 2011, qui dessine la grande fresque d’une vie — rêvée, imaginée, retrouvée —, celle du père de l’écrivain, un passionné d’aviation et un amoureux du ciel. Il a écrit un article sur Saint-Exupéry, dans la NRF, à l’occasion du numéro spécial consacré au « Siècle de la NRF », intitulé « À la ligne.» Enfin, il pense que Le Petit Prince est un livre sérieux.

Organisation :
Ce colloque est organisé par la Succession Saint-Exupéry – d’Agay, avec le soutien des Éditions Gallimard, de l’Université Paris-Est Créteil et de la municipalité de Saint-Maurice-de-Rémens, qui nous accueillera durant ces deux jours.

Contact : dlacroix@antoinedesaintexupery.com

 

logos partenaires

 

Informations pratiques

Lire le pdf

 

Dossier de presse

Lire le pdf